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Cher ami(e) du Tao, 

Avez-vous déjà exploré les profondeurs mystérieuses du Dao De Jing ?

Une envie soudaine de redécouvrir ses trésors cachés m’a envahi lorsque j’ai entendu Fabrice prononcer ces mots inspirants :

« Il est essentiel de ressentir les mots, de les laisser résonner en nous, plutôt que de chercher à tout comprendre ; car c’est dans l’écho de notre cœur que réside la véritable compréhension. »

Ainsi, je me suis lancé un défi : lire à haute voix un chapitre chaque jour, avant de plonger dans le tumulte de ma journée.

Je ne suis pas un ordre établi, me contentant de feuilleter les pages de ce livre sacré, m’arrêtant dès qu’un titre éveille en moi une étincelle d’inspiration.

Cela m’a immédiatement rappelé l’image de mon grand-père, absorbé dans la lecture à haute voix de textes aux écritures énigmatiques.

Enfant, je ne pouvais pas identifier la nature de ces écrits, mais aujourd’hui, je me plais à imaginer qu’ils étaient empreints d’une sagesse ancienne et inspirante. 

Étaient-ce des poèmes chinois, des écrits confucéens, ou d’autres trésors littéraires ancestraux ?

Ce doux souvenir m’a apporté une lumière profonde sur mes racines, devenant en soi une source de contentement et de réalisation.

Serait-ce là la puissance révélatrice de cette œuvre ? ou un de ses bienfaits ? 

Mais une intuition m’invitait à explorer davantage, à comprendre non seulement ce que mon grand-père recherchait, mais aussi à envisager que sa quête pouvait être intimement liée à la phrase énigmatique de Fabrice…

Par exemple à la lecture du chapitre 48 :

Celui qui se livre à l’étude augmente chaque jour (ses connaissances).

Celui qui se livre au Tao diminue chaque jour (ses passions).

Il les diminue et les diminue sans cesse jusqu’à ce qu’il soit arrivé au non-agir.

Dès qu’il pratique le non-agir, il n’y a rien qui lui soit impossible.

C’est toujours par le non-agir que l’on devient le maître de l’empire.

Celui qui aime à agir est incapable de devenir le maître de l’empire.

(Traduction de Julien Stanislas) 

Ce que j’ai d’abord éprouvé, c’est un sentiment de confusion. 

Naturellement, mes pensées se sont tournées vers le concept du wu wei, cette idée de non-action, de laisser les choses suivre leur cours naturel. 

Mais il était évident qu’il y avait plus que cela. 

En creusant un peu plus, en cherchant à aller au-delà de la surface et à comprendre le message profond du texte, une ampoule s’est allumée dans mon esprit.

Selon ma compréhension (avec toute humilité), il est crucial de trouver un équilibre entre ce que l’on sait et qui l’on est.

Cela ressemble à jongler avec des balles : si on se concentre trop sur l’une, les autres peuvent tomber. 

Donc, il s’agit de continuer à apprendre de nouvelles choses tout en restant soi-même. 

C’est comme apprendre à cuisiner de nouveaux plats, mais sans oublier ses recettes favorites.

Est-ce que trop apprendre (et être submergé d’information) peut parfois nous compliquer la vie et nous empêcher d’agir simplement et naturellement ?

Cette réflexion m’a amené à méditer sur la nature de la connaissance et sur la manière dont elle influence notre relation avec le monde et avec nous-mêmes. 

Comment pouvons-nous embrasser la simplicité tout en cherchant à comprendre les complexités de l’univers ?

Pour l’instant, je me sens assez démuni face à ces questions. 

Peut-on vraiment trouver un équilibre entre apprendre continuellement et maintenir notre essence propre ?

L’équilibre semble être la clé, mais comment le trouver dans un monde où l’information est omniprésente et où la soif de savoir est insatiable ? 

Il est facile de se perdre dans l’océan infini de la connaissance, de se laisser submerger par les vagues d’informations et d’oublier qui nous sommes réellement.

Je réalise que maintenir notre essence propre tout en apprenant continuellement est un défi. 

J’ai l’impression que cela nécessite une prise de conscience de soi, une écoute intérieure et une volonté de rester ancré dans nos valeurs et nos convictions. 

C’est un peu comme un arbre qui, tout en grandissant et en étendant ses branches, doit rester enraciné pour ne pas tomber.

Il est essentiel de se rappeler pourquoi nous apprenons et quel est le but de notre quête de savoir. 

Est-ce pour nourrir notre ego, pour briller en société, ou est-ce pour comprendre le monde qui nous entoure et trouver notre place en son sein ? 

En méditant sur ces questions, je me rends compte que l’humilité est un guide précieux sur ce chemin. 

Reconnaître que nous ne savons pas tout, que chaque jour est une opportunité d’apprendre et de grandir, peut nous aider à rester ouverts et réceptifs, sans pour autant perdre notre essence.

Peut-être que la réponse réside dans l’acceptation de notre imperfection et dans la célébration de notre capacité à apprendre et à évoluer. 

En conclusion, je n’ai pas de réponses définitives à vous offrir (et je n’en ai pas la prétention).

En réalité, cette exploration soulève davantage de questions qu’elle n’apporte de réponses.

Mais n’est-ce pas là aussi la beauté de la lecture de cet ouvrage sacré ? 

Le Dao De Jing nous encourage à penser profondément, à nous poser des questions en continu et à nous émerveiller devant les différentes facettes et les complexités de la vie et du savoir.

Il ne nous donne pas toutes les réponses, mais il nous guide sur un chemin de réflexion spirituelle, d’auto-examen et de réflexion sur les éléments essentiels qui définissent qui nous sommes.

En nous poussant à explorer notre esprit et à chercher à comprendre la réalité, le Dao De Jing nous donne des outils pour explorer le lien entre la connaissance et notre identité, et pour avancer dans le monde du savoir avec prudence et respect.

Et peut-être, en poursuivant inlassablement notre quête et en acceptant nos limites, toucherons-nous à la vraie sagesse ?

Avec toute ma considération, 

Charles Zhang

12 commentaires

  • Bonjour,
    je fais partie de Wudang Gong Dao et maître Yuan Limin nous amène à nous pencher sur le Dao De Jing.
    Je ressens la même dualité entre apprendre et rester qui on est.
    Je vois aussi une application de ce sue je lis ici dans la pratique des arts internes. Ne pass se laisser emporter par les informations du monde et se permetre de se laisser aller, se laisser vivre créé une sorte de lien entre cours et esprit et permet de se sentir plus vivant et de faciliter les mouvements du corps sans contrainte.
    il faudrait développer plus…
    bonne journée
    Pierre

  • Merci pour ces réflections… Je n’ai pas de réponses non plus à des questions aussi profondes. Je peux seulement partager mon expérience. Il y a un savoir qui révèle l’être, je crois. A chaque fois qu’une nouvelle information a la capacité d’éveiller l’enthousiasme en moi (et ce mot d’origine grècque indique le divin intérieur), quelque chose vibre dans le cœur. Il n’y a que le savoir que j’appelle poétique qui a ce pouvoir. Peut-être que le lien mystérieux entre le savoir et l’être est la Beauté? Je sens en tous cas que vous et Fabrice, et toute l’équipe, vous êtes porteurs de cette Beauté, c’est ça qui m’a accroché! Merci encore.

  • balick dit :

    Je partage le point de vue de Charles et je recommande la traduction de Stephen Mitchell du Tao Te King chez synchronique éditions.
    Amicalement
    Didier

  • Dom Michel dit :

    Très bon article, clair et inspirant. Cependant, j’ai sursauté à la lecture de la phrase suivante :
    “Il est essentiel de se rappeler pourquoi nous apprenons et quel est le but de notre quête de savoir. “.
    Eh bien, non! Sauf pour les études triviales, scolaires ou professionnelles, nous ne savons pas pourquoi nous labourons tel domaine, et surtout quel est le but (réel) recherché. Là aussi, il y a du “wu wei” et il ne faut surtout pas perturber le flux qui nous entraîne.
    Michel

  • Carniato dit :

    Intéressant merci

  • Bonjour M. Zhang,
    Il existe une panoplie d’exemplaire du Daodejing. Avez-vous des versions à me suggérer soit en français ou en anglais ?
    Merci,
    Monique Desjardins
    mayabaladi@gmail.com

  • Yahel dit :

    Dans la tradition juive, dans la partie kabbale, les mots étudier et manger ont la même racine. Pour bien manger, la qualité de ce que l’on mange est importante. Ainsi que la façon dont on mange. Il faut en faire de petites bouchées, bien les mâcher, prendre le temps. Manger dans une atmosphère détendue. Seul.e ou en bonne compagnie. Il ne sert à rien d’en absorber plus que ce que l’on peut car ça va nous rendre malade. Accueillir cette nourriture qui est le fruit de beaucoup de travail avant d’arriver dans notre assiette. La digestion prend un certain temps et il est important de respecter ce temps pour une bonne assimilation. Ainsi en va-t-il de l’étude. On peut transposer tout cela à l’étude.
    En ce qui concerne l’étude de la spiritualité, je pratique à la fois l’expérience directe et l’étude. L’expérience directe, beaucoup. L’étude, à petites doses, en fonction de ce que la vie me présente. Parfois ce que je lis (ou entend) me parle ou bien ouvre quelque chose. Parfois pas parce que je ne suis pas à cette étape là à ce moment-là. Je préfère d’abord expérimenter puis lire. Pour ne pas alimenter mon mental de plein de choses qui va le gonfler dans l’importance qu’il se donne mais qui n’est au final qu’un entassement de connaissances dont on ne fait rien.

  • Filiol dit :

    Apprendre, étudier, rester curieux et émerveillé, se sentir connecté, concerné, compétent…
    Le rêve d’une vie : explorer le monde de l’eau à la terre. A bord d’un bateau à voile, naviguer pour fermer le flux incessant, insatiable de nouvelles, de nouveautés et s’arrêter. Revenir en arrière et prendre le temps de relire, re-découvrir, trier, épurer le disque dur de nos mémoires.
    Partir isolé et ne considérer que ce que l’on ne possède déjà : le livre à lire, le document archivé mais survolé etc. pour circonscrire le fluide de nos pensées.
    Créer en fin et reconfigurer une part de la matière et les idées pour lesquelles nous avons déjà œuvrer. Remonter le temps …

  • Olympe dit :

    A mon sens le non agir serait plutôt une forme de réceptivité, d’attention disponible plus qu’une forme de passivité. Dans cette disponibilité, l’ego s’amenuise et la perception du monde se fond en nous à tel point que tout devient une évidence.

  • René dit :

    Réponse: Pas étudié le TAO mais philosophiquement d’accord et aboutit aux mêmes conclusions, essayant de comprendre le pourquoi du comment de l’être, du non être et de l’{uni-vers}, (Di-eu) des Scientifiques!
    Il est possible d’observer et d’imaginer une infinité de “machines” animées et animables merveilleuses et extraordinairement complexes: l’univers et tous les êtres vivants en sont d’extraordinaires…) mais je n’ai toujours pas trouvé de réponse à la question : qu’elle est donc la source énergétique fondamentale qui les anime? La science crée de nombreux mots pour décrire ces “machines”et leur fonctionnement, mais aucune explication réelle concernant l’origine fondamentale de la “force” qui peut les animer (le concept du DIVIN est évoqué dans de nombreuses cultures, mais reste toujours pour moi un mystère. Ma seule réponse: si je n’avais pas conscience d’être, je ne me poserais pas la question…
    La sérénité contemplative peut être heureuse mais je ne sais toujours pas comment garder conscience d’être, sans “souffrir” et avoir besoin d’AGIR pour respirer, boire et manger…
    Le “rêve éveillé” nécessite une absolue mémoire des bonheurs déjà vécus et une auto-stimulation des neurones concernés.

  • Marie-Eve dit :

    Merci pour cet article que je trouve très juste et merci aussi pour tous les autres d’ailleurs.
    Ce que cela m’inspire est que l’équilibre entre savoir et être est de même nature que celui entre corps et esprit autre dit de nature humaine. C’est donc plutôt bon signe d’entretenir l’équilibre !

    Je suis également en questionnement par rapport à cette soif de connaissance parfois en overdose versus l’expérience du corps. La récente initiation au QiMen de Fabrice m’a faite prendre conscience qu’on est tous divinement différents dans notre rapport au monde (facteur 10 deites minimum !) donc sa connaissance mise en mots est également x10 au minimum !
    De la phrase de Fabrice, je propose donc cette interprétation :
    Il est essentiel de selectionner les mots (la connaissance) qui nous concerne en les laissant résonner en nous, plutôt que de chercher à comprendre ceux qui concerne les autres ; car c’est notre propre chemin qu’il s’agit de parcourir et non ceux de toute l’humanité !

  • Nathalie dit :

    Je n’ai pas étudié le Dao De Jing et pourtant j’en suis arrivée à me questionner sur la place du savoir dans ma vie. Et c’est bien difficile de trouver ce bon équilibre entre Etre et Apprendre. C’est comme si, parfois nous cherchons à apprendre davantage pour arriver à être quelqu’un… Il s’agit peut être juste de renverser l’ordre, c’est parce que je reconnais d’abord que “je suis”, que le plaisir et la curiosité sont là et que le savoir s’intègre en moi.

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